Les Quyên (ou Les enchaînements traditionnels primaires)

 

Les cinq premiers enchaînements traditionnels primaires (ou Quyên) forment la base élémentaire de l’initiation au Viêt Vu Dao.

Ces enchaînements élémentaires de mouvements constituent le programme susceptible de permettre au pratiquant de se familiariser avec les techniques traditionnelles, tout en le poussant à découvrir les principes d’équilibre, d’orientation, de respiration, et d’imagination

La légende dit que cinq maîtres mirent au point une méthode de combat infaillible, et chassèrent les occupants (envahisseurs Ming, au 15ème siècle). Partis du centre du Vietnam, pour aller vers le sud du pays, chacun de ces cinq guerriers avait résumé en un enchaînement l’ensemble de ses connaissances au combat, et l’enseignait, tour à tour, à ses compagnons d’infortune.

Les cinq premiers enchaînements élémentaires sont les suivants :

– Premier enchaînement : Vu Dao Mot ou Yi Dang (1er degré)
– Deuxième enchaînement : Vu Dao Hai ou Liang Dang (2ème degré)
– Troisième enchaînement : Vu Dao Ba ou San Dang (3ème degré)
– Quatrième enchaînement : Vu Dao Bon ou Si Dang (4ème degré)
– Cinquième enchaînement : Vu Dao Nam ou Wu Dang (5ème degré)

Cette double appellation résulte de l’ère moderne du Vu Dao. Si les deux signifient exactement la même chose, la première est exprimée en vietnamien moderne (quoc ngu), et la seconde procède de la langue ancienne (Han). Si notre École utilise indifféremment l’une ou l’autre appellation, la tradition nous fera privilégier l’appellation classique (Yi dang, Liang Dang, San dang, …).

Ces Quyên de base, qui, avant de prendre l’appellation moderne de « quyên », étaient baptisés « histoires terrestres« , sont également codifiés sous la forme de poèmes (ou d’historiettes chantées), relatant, selon la légende, le périple de chacun des cinq créateurs du Vu Dao.

Ces Quyên, plus connus sous leurs formes techniques, apparaissent le plus souvent, comme un ensemble de mouvements servant uniquement au combat. Mais de tous temps, c’est la synthèse entre cette forme technique et l’expression du message historique contenu dans chaque poème, qui, seule, fait accéder à l’Art des maîtres.

Cette synthèse n’est possible que lorsque le pratiquant entre en possession de tous les éléments d’interprétation. C’est le propre de la transmission orale : un maître confie les données séculaires à un élève lorsqu’il juge ce dernier tout à fait apte à recevoir la totalité de son enseignement.

En effet, sans la réunion de tous les éléments, qui sont signification des gestes, contexte de leur utilisation, localisation des impacts, …, ces Quyên ne deviennent alors plus qu’enchaînements de mouvements insipides, qui, en raison de leur nombre, sont difficiles à mémoriser…

Il existe aussi des enchaînements techniques (ou Quyên) dits « supérieurs« , qui sont également au nombre de cinq

À ceux-ci, il convient d’ajouter, le Quyên fondamental que les Anciens dénomment le « Tâm cua Vu Dao » (l’âme du Viet Vu Dao), ou bien le « Tinh vo bien cua vu tru » (l’expression de l’immensité de l’univers).

Ce quyên fondamental – dont la formulation abrégée est « Thoi Dao » ou Voie du Ciel – présente la particularité de demeurer, à jamais, inachevé…

En effet, à chaque époque, les maîtres du Vu Dao y ajoutent les techniques qu’ils ont découvertes ou améliorées au cours de leurs études. Ce concept illustre parfaitement la tradition de l’intemporel, propre au Viet Vu Dao, et révèle, aussi, la volonté progressiste des illustrateurs de cet Art.